homélie sur la Sainte Famille

homélie

181216 HOMELIE SAINTE FAMILLE

 

Pourquoi Luc nous raconte-t-il cette anecdote (Lc 2,41-52 : l’enfant Jésus au Temple) ? Une histoire banale peut-être : la fugue d’un adolescent… mais plutôt une histoire étrange puisque cet adolescent est Jésus…

Une première réponse apparait clairement : elle tient dans la conclusion : « il faut que je sois chez mon Père » ou « aux affaires de mon Père. » Le but des Evangiles, et en particulier des Evangiles de l’enfance, est de nous dire qui est Jésus, de nous révéler l’incroyable mystère de la personne de Jésus. Cette petite histoire étonnante nous met sur le chemin de ce mystère.

Mais nous pouvons continuer à chercher : Pourquoi l’Eglise nous propose-t-elle ce récit le jour où nous célébrons la « sainte famille » ?

La Sainte Famille, au début de l’Evangile de Matthieu et de celui de Luc : Jésus, Marie et Joseph, c’est une icône, un modèle : une lumière pour nous guider sur le chemin (cf. la prière à la Sainte Famille que je vous lirai à la fin de cette homélie).

Mais est-ce à dire que la famille de Jésus, telle que le NT nous la présente, a été la famille idéale, exempte des difficultés qui traversent toutes nos familles ? Eh bien non !

Déjà notre épisode de Jésus enfant au Temple nous laisse deviner qu’entre Jésus et les siens les choses n’étaient pas si faciles.

Et puis le lecteur attentif de l’Ecriture se rappelle que dans l’Evangile de Mc, on voit les proches de Jésus tenter d’interrompre son ministère parce qu’ils pensent qu’il a perdu l’esprit (Mc 3,22)… Il se rappelle que Jésus est comme désarçonné quand il va chez les siens, surpris par leur manque de foi (Mc 6,1-6)… il se rappelle aussi que dans l’Evangile de Jn un vif conflit oppose Jésus à ses « frères » et que l’évangéliste remarque : « même ses frères ne croyaient pas en lui » (Jn 7,5). On pourrait citer d’autres exemples…

Mais rappelons encore qu’après Pâques et la Pentecôte, la première Eglise a eu bien des problèmes avec la famille de Jésus qui avait du mal à admettre que le Seigneur avait confié son Eglise, non pas à eux mais aux Douze…

Au fond, je trouve cela plutôt réconfortant. Cela nous montre que le Fils de Dieu vient à nous tels que nous sommes, il vient à notre humanité telle qu’elle est, avec ses grandeurs et ses misères, pour la sauver.

Quel message pour nous, aujourd'hui ?

Je pense évidemment au synode sur la famille qu’ont tenu les évêques du monde entier il y quelques années (2014-2015), et à l’exhortation apostolique qui en a résulté « La joie de l’Amour », en 2016. Un texte magnifique que je vous conseille de lire et de relire…

Il s’agit regarder nos familles, toutes nos familles, avec le regard du Seigneur. Avec lucidité : « Un stéréotype de la famille idéale ne résulte pas des réflexions synodales. » Il ne s’agit pas de fermer les yeux sur les multiples difficultés auxquelles sont affrontées nos familles, sur les multiples blessures dont elles souffrent (toutes nos familles…) Il s’agit de prendre ces difficultés et ces blessures comme autant de défis…

Mais il faut tout autant regarder chacune de nos familles, les nôtres et les autres, avec une extrême bienveillance,

Même si l'Église comprend que toute rupture du lien matrimonial « va à l'encontre de la volonté de Dieu, [elle] est également consciente de la fragilité de nombreux de ses fils ». Illuminée par le regard de Jésus Christ, elle « se tourne avec amour vers ceux qui participent à sa vie de manière incomplète, tout en reconnaissant que la grâce de Dieu agit aussi dans leurs vies, leur donnant le courage d'accomplir le bien, pour prendre soin l'un de l'autre avec amour et être au service de la communauté dans laquelle ils vivent et travaillent»… Bien qu'elle propose toujours la perfection et invite à une réponse plus pleine à Dieu, « l'Église doit accompagner d'une manière attentionnée ses enfants les plus fragiles, marqués par un amour blessé et égaré, en leur redonnant confiance et espérance, comme la lumière du phare d'un port ou d'un flambeau placé au milieu des gens pour éclairer ceux qui ont perdu leur chemin ou qui se trouvent au beau milieu de la tempête… (N° 291)

 

 

Prière à la Sainte Famille

Jésus, Marie et Joseph en vous, nous contemplons la splendeur de l’amour vrai,

en toute confiance nous nous adressons à vous.

 

Sainte Famille de Nazareth, fais aussi de nos familles

un lieu de communion et un cénacle de prière,

d’authentiques écoles de l’Évangile

et de petites Églises domestiques.

 

Sainte Famille de Nazareth,

que plus jamais il n’y ait dans les familles

des scènes de violence, d’isolement et de division ;

que celui qui a été blessé ou scandalisé

soit, bientôt, consolé et guéri.

 

Sainte Famille de Nazareth, fais prendre conscience à tous

du caractère sacré et inviolable de la famille,

de sa beauté dans le projet de Dieu.

Jésus, Marie et Joseph,

Écoutez, exaucez notre prière Amen !

 

(Donné à Rome, près de Saint Pierre, à l’occasion du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, le 19 mars, Solennité de saint Joseph, de l’an 2016, le quatrième de mon Pontificat.)